vendredi 23 juillet 2010, par Marion Heuzé
Nous rencontrons Claude ANDANSON dans les bureaux de « Cité d’Architecture », son agence d’architecture, d’urbanisme et de design du 5ème arrondissement. Après avoir créé sa première entreprise dans les années soixante-dix, M. ANDANSON dirige aujourd’hui cette agence qui se définit comme « l’interprète » d’une société et d’une époque données.
En effet, l’architecte s’inscrit dans un « contexte social ». Il a pour fonction d’organiser, de concevoir et d’établir un projet en réponse au « programme » du maître d’ouvrage, c’est-à-dire aux objectifs du projet. Ce programme fait aussi appel à des données sociales : l’architecte est celui qui aménage l’espace pour une population définie. Il sollicite bien sûr ses compétences techniques mais aussi sa sensibilité. « L’architecte est avant tout un homme de synthèse ». Il a aussi pour obligation de donner satisfaction au maître d’ouvrage. Le métier d’architecte ne concerne pas que la conception d’un projet. Sa réalisation fait aussi parti de son domaine : « parfois les autres [maitres d’ouvrages, promoteurs] ne nous écoutent pas ». L’architecte s’inscrit dans une économie de marché. Un projet ne peut être considéré comme bon que « s’il aboutit à un objet dans l’espace ». L’architecte n’est pas le seul à agir autour du projet. « Il est un peu aujourd’hui le chef d’orchestre de l’opération »
L’architecte répond à des défis socio-économiques, comme le montre le parcours de M. ANDANSON, qui est arrivé dans le métier, au moment du grand effort de construction après la guerre d’Algérie en 1962. Il y avait à cette période une grande pénurie de logements. A cette époque, une révolution du logement s’est produite : développement des grandes zones urbaines (ZU) et de l’hygiène (salle de bain dans chaque appartement). Puis, ce contexte économique change avec l’introduction des réglementations thermiques dans le bâtiment dans les années soixante-dix et la crise qu’a connue le métier du bâtiment à partir de 1992. De nouvelles donnes sont encore aujourd’hui introduites avec l’émergence du développement durable par exemple.
Le métier est ainsi très complexe et il ne fait qu’évoluer au fil des années. L’architecte n’a pas toujours les moyens de s’exprimer et de laisser libre cours à son imagination. « Les meilleurs projets sont ceux qu’on a jamais faits ».
M. ANDANSON s’est rapproché du projet d’Esprit d’Excellence par le biais de multiples rencontres. Il connaît bien le modèle économique des résidences étudiantes. Elles sont extrêmement contraintes par les réglementations, comme celle du logement adapté aux handicapés. Toute la conception est changée puisqu’il faut repenser à un nouvel aménagement de l’espace et des chambres en particulier. Cela peut même bloquer certains projets.
« On conçoit les résidences étudiantes comme il y a longtemps ». C’est le véritable problème aujourd’hui. Il faut prendre en compte désormais « l’état d’esprit ». Veut-on développer des espaces communs au sein des résidences ou seulement des chambres où personne ne se rencontre ? Cela dépend de l’état d’esprit de chaque population, de chaque ville. A Clermont-Ferrand (seconde agence de Cité d’Architecture), les attentes des étudiants ne sont pas les mêmes qu’à Paris. Les budgets ne sont pas les mêmes et certains préfèrent rester dans leur chambre. Ainsi une véritable réflexion doit être mis en place. Si l’on opte pour une résidence avec seulement des couloirs et des chambres, il n’y a aucun d’échange. Or, « la vie est faite d’échange ».
Les enjeux dans le bâtiment et dans le logement évoluent selon les époques, comme le métier d’architecte : le modèle des résidences étudiantes est amené à changer aujourd’hui.