Gaëlle Ginibrière | Le Figaro | 20/11/2011
lundi 30 janvier 2012, par Mathilde Brugier
Label de la Conférence des grandes écoles (CGE) - structure on ne peut plus française ! -, le mastère spécialisé (MS) reste bien une sorte d’ovni sur le marché de l’enseignement supérieur européen et encore plus au niveau mondial.
« Il est vrai que le mastère spécialisé ne correspond pas au schéma LMD ( pour licence, master, doctorat) entériné par le processus de Bologne, reconnaît Éric Parlebas, président de la commission d’accréditation des diplômes de la CGE. Mais je constate que ce processus date de 1999 et que le paysage de la formation a beaucoup évolué depuis, avec notamment un phénomène de massification de l’enseignement supérieur. Le MS, qui est un programme à bac + 6, assure une strate intermédiaire entre le bac + 5 et le bac + 8, qui répond à l’inflation de diplôme liée à cette massification ».
Cette formation n’est d’ailleurs pas absente au plan international, certains secteurs se prêtant davantage que d’autres à l’exportation. « Une ouverture à l’international n’est pas forcément pertinente. Je pense par exemple au secteur de l’édition qui a, en France, ses spécificités, indique Marion Leparmentier , directrice des mastères spécialisés à ESCP Europe. Mais nos MS incluent des séminaires internationaux à l’étranger et certains sont proposés en partenariat avec des universités étrangères. C’est le cas du MS stratégie, conseil et organisation, qui offre la possibilité d’obtenir un double diplôme avec Cornell University aux États-Unis pour ceux qui poursuivent leurs études une année ».
Certes, les étudiants étrangers y sont moins nombreux qu’au niveau master. Ils ne sont que 17 % par exemple à EM Lyon. Car ce diplôme, moins connu hors de nos frontières, est aussi moins souvent délivré entièrement en anglais. Mais certains étudiants étrangers viennent y chercher, tout comme leurs camarades français, l’image de marque d’établissements réputés, afin de valoriser leur CV.
Des « MS » délocalisés en Chine
D’ailleurs, le mastère spécialisé s’exporte de mieux en mieux. L’Enac (École nationale de l’aviation civile) dispense ainsi trois MS délocalisés en Chine. Et la CGE, qui compte de plus en plus d’universités étrangères parmi ses membres, labellise des programmes délivrés par celles-ci. Pour la première fois cette année, un programme piloté par un établissement étranger a été accrédité : le MS ingénierie et management de système logistique de l’École Hassania de travaux publics à Casablanca, dispensé en coaccréditation avec l’École des ponts Paritech.
En termes d’insertion professionnelle, l’international est aussi très présent. À EM Lyon, Philippe Marillat des Mercières rappelle que 20 % des diplômés de MS décrochent leur premier job à l’étranger.